L'égalité homme-femme, c'est quoi?
Par Marie-Evangeline Pouyer-Crosthwait, inf. B.Sc., intervenante communautaire interculturelle et infirmière clinicienne
L’égalité homme-femme se décrit comme le droit à un statut social, économique et politique de valeur égale, tant chez un sexe que l’autre. Elle se reflète dans une application juste et uniforme des lois, normes et pratiques organisationnelles pour tous. Elle se reflète même dans nos activités quotidiennes et normes sociales. Mais, ce n’est pas arrivé du jour au lendemain!
L’égalité des sexes au Québec, un bref rappel historique
C’est, pour la première fois dans son histoire, en 1975, que le Québec concrétise l’interdiction de la discrimination fondée sur le sexe dans sa « Charte des droits et libertés de la personne ». C’est dans cette prise de position initiale que le gouvernement entreprend de mettre le principe au centre de ses grandes orientations et valeurs fondamentales. Les femmes prennent alors davantage une place plus active dans les milieux de travail et académiques. Une Politique d’intervention en matière de violence conjugale est aussi éventuellement mise en place pour baliser le dépistage et les interventions au niveau des instances gouvernementales et éducatives. L’adoption de la loi sur l’équité salariale, ainsi que de nombreux plans d’action gouvernementaux à ce sujet, ont suivi.
Il faut comprendre et se rappeler que la femme québécoise, comme plusieurs autres populations à ce moment, avait subi une grande violence aux mains de l’État catholique, lui exigeant, par exemple, l’enfantement sur demande par les prêtres afin d’augmenter la population catholique francophone selon les agendas politiques souhaités. Une dévotion entière et une abnégation de leur propre personne et de leur santé était attendues. Cette pression les mettait en position de grande vulnérabilité physique, mentale, émotionnelle et spirituelle.
Ce patrimoine historique et la séparation de l’État et l’église catholique au début des années 60, annoncent un changement des valeurs et des normes sociales au Québec. Le mouvement « féministe » visant à reconnaître la femme comme étant égale dans son statut à celui de tout homme, et la seule responsable de ses décisions de vie et de son corps, a ensuite vu le jour.
« T’as pas le droit! »
Saviez-vous que lorsqu’on refuse d’appliquer une mesure découlant d’un droit basé sur la caractéristique de son sexe, nous contrevenons à la loi? La Charte des droits et libertés de la personne[1] du Québec n’est pas que symbolique. Elle est une loi ayant été adoptée par l’Assemblé nationale qui indique qu’aucune personne ne peut en discriminer, ni harceler, une autre en raison de son sexe. Elle interdit à tous, homme ou femme, de vous traiter différemment en raison de votre identité de genre ou même de votre orientation sexuelle. Par exemple, il est interdit de congédier une travailleuse enceinte même si l’employeur sait qu’elle devra éventuellement quitter en congé de maternité. Il est également illégal de refuser un homme pour un emploi dans un domaine spécifique sous prétexte qu’il n’y aura aucun garçon d’inscrit au service[2]. Aucun conjoint ou conjointe, ni aucune institution, ne peut harceler quelqu’un, soit le soumettre à des demandes, des critiques ou des réclamations continuelles, afin qu’il ou elle reste dans un rôle social dans lequel il ou elle ne désire pas rester. Même si nous avons tendance à les banaliser, les commentaires offensants et répétés basés sur son genre en font partie.
L’égalité au quotidien, dans le couple et la famille!
Dans notre quotidien, en couple ou en famille, nous avons tous les mêmes droits, mais aussi les mêmes responsabilités. Au Québec, le partage des responsabilités familiales dans le couple est valorisé. Les parents sont considérés comme ayant une même autorité vis-à-vis de leurs enfants, peu importe la forme de leur union : mariés, conjoints de fait ou partenaires. Que ce soit pour décider qui fera le souper, quelle école iront les enfants ou quel logement choisir, les réflexions et jugements de chaque partenaire portent un même poids. Cela ne veut pas nécessairement dire que les opinons seront les mêmes, mais plutôt qu’elles seront considérées avec autant d’importance et de respect l’une que l’autre. C’est aussi le cas lorsqu’il faut choisir le nom de ses enfants, ou même de consentir à leurs soins médicaux lorsqu’ils ont moins de 14 ans. Un consensus basé sur un principe d’égalité doit être atteint.
Enfin, personne n’est parfait et aucune société ne l’est non plus. Les conflits et l’inégalité font partie de notre réalité humaine. Heureusement pour nous, nous sommes aussi tous en constante évolution. Lorsque les rôles et les relations que nous avons établis avec nos amis, notre famille et notre communauté sont cohérents avec nos propres valeurs et capacités, notre qualité de vie en est améliorée. Le principe d’égalité entre les femmes et les hommes progresse lui aussi dans notre société. Pour nous appuyer dans ce mouvement social, la Charte des droits et libertés protège toutes les personnes qui se trouvent sur le territoire québécois : parents, conjoint, enfants, personnes nées au Canada ou ailleurs. Elle protège même les personnes en visite et les travailleurs temporaires.
Avoir accès à des services d’appoint permet de prévenir une violence interpersonnelle ou conjugale, et améliore la santé et le bien-être de tous. Un de ces service est la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ). Elle est l’institution gouvernementale responsable de l’application de la Charte[3]. Donc, que ce soit pour avoir de l’information supplémentaire ou parce que vous croyez avoir été victime de discrimination dans vos relations personnelles ou professionnelles, la CSPDJ peut vous être utile. Une ressource en justice sociale qui nous appartient à tous et à toutes.
La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) du Québec : https://www.cdpdj.qc.ca/fr ou 1 800 361-6477.
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[1]https://www.legisquebec.gouv.qc.ca/fr/document/lc/C-12
[2]https://euagenda.eu/upload/publications/untitled-150339-ea.pdf
[3]https://www.cdpdj.qc.ca/fr/vos-droits/lois-qui-protegent-vos-droits/charte#:~:text=La%20Charte%20prot%C3%A8ge%20les%20droits,t%C3%B4t%2C%20le%2027%20juin%201975